mercredi 25 mars 2009

***Une urgence : Refondation des Nations Unies***

***A la fin de la Première Guerre mondiale, Le Président des États-Unis Woodrow Wilson a décidé, en décembre 1918, que l'horreur de la guerre qui venait de finir ne devrait pas recommencer à se produire, et a établi, dans la Convention pour la "paix permanente", la Société de Nations pour "un nouvel ordre basé sur le domaine de la loi fondée sur le consentement des gouvernants et appuyée par l'opinion organisée de l'humanité ".

Malheureusement, il a prévalu, grâce à la pression des producteurs d'armement, l'adagio séculier qui établit que "si tu veux la paix, il (elle) prépare la guerre".

Et, est arrivée, la Deuxième Guerre mondiale ! A la fin de laquelle le Président Franklin D. Roosevelt a dessiné un système multilatéral, les Nations Unies, fondé à San Francisco en 1945. Le Système des Nations Unies comprend, pour seconder les propres activités de l'ONU relatives à la sécurité internationale, des organisations spécialisées au travail (OIT), à la santé (OMS), en alimentation (FAO), pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) ... puis des programmes et des fonds relatifs au développement (PNUD), à l'enfance (UNICEF), etc...

Mais les États les plus forts et prospères ont commencé à se méfier tôt du système de coopération et de coordination internationale, et ils ont substitué par des prêts, les aides au développement. Ils ont progressivement mis à l’écart les diverses institutions du Système des Nations Unies et ce qui est beaucoup plus grave ont substitué les valeurs qui devaient guider le gouvernement international (les "principes démocratiques" si bien établis à la Constitution de l'UNESCO et dans la Déclaration Universelle des Droits de l'homme) par les lois du marché. Et les plus riches se sont associés dans des groupes (G7, G8) en substituant la Démocratie que le multilatéralisme représente par une ploutocratie, en changeant le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ("pour la reconstruction et le développement"!) en des instruments de leurs politiques économiques et en établissant l'Organisation Internationale du Commerce (OIC), dans les années quatre-vingt-dix, directement en dehors du domaine du Système des Nations Unies.

À la fin de la Guerre Froide, le monde attendait une réforme profonde des Nations Unies par la démocratisation des relations internationales, et les "dividendes de la paix" pour réduire les asymétries sociales et pour favoriser, enfin, le développement endogène des pays les plus nécessiteux. Cela n'a pas été le cas et, depuis le principe de la décennie des quatre-vingt-dix, la supériorité des pays les plus riches a imposer la "globalisation" avec la création et l'augmentation de grandes associations patronales en limitant le pouvoir (puissance) - et jusqu'aux responsabilités! - des États, avec des déchirures considérables dans le tissu social. Ainsi promue, l'apparition de bouillon de culture, de frustration, radicalisation et « l'animadversion » ont fréquemment conduit à l'emploi de la violence et aux grands flux d'émigrants (émigrés) désespérés. Comme ère prévisible, ils ont conduit le monde dans une situation de crise profonde dans laquelle apparaît, comme une occasion unique, pour le multilatéralisme de se refonder et de redresser les actuelles tendances.

En conséquence, il est urgent qu’une réunion Extraordinaire de l'Assemblée Générale des Nations Unies se tienne pour établir les critères principaux qui pourraient conduire à son renouvellement en profondeur, en les dotant de l'autorité morale et politique qui sont indispensables pour faire face aux grands défis de notre temps et de la capacité de disposer des ressources personnelles, des financiers, des techniciens et, quand cela sera nécessaire, de militaires, pour l'exercice de ses fonctions à une échelle mondiale. En fonctionnant d’une manière bien coordonnée, l'ensemble du Système des Nations Unies permettrait la prévention des conflits, leur résolution pacifique quand ils se présenteront, l'établissement, le maintien et la consolidation de la paix; le désarmement; de faire face conjointement au terrorisme international et à la délinquance transnationale, ... alors qu'il s'emploierait à résoudre, comme conséquence du dialogue et je conviens à une échelle mondiale, les grandes questions dont dépendra, dans son ensemble, la qualité de vie de tous les habitants de la terre.

"Nous, les peuples des Nations Unies avons résolu d’éviter pour les générations futures l'horreur de la guerre". Ainsi s'initie la Charte des Nations Unies.

Cette formulation, bien interprétée, n'a besoin d’aucun changement. La représentation, ne devrait pas seulement continuer d'être tenue par des États - contre ce qui est établi dans la Charte- mais il serait indispensable que près d’eux mêmes, il existe les représentations de la société civile (des organisations non gouvernementales, intergouvernementales, institutions régionales, des associations de villes, patronales, etc..).
Dans cette ONU refondée, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale s'acquitteraient, en liaison avec l'Organisation Mondiale du Commerce - qui serait déjà une propre institution du système – de leurs fonctions originelles, pour procurer le développement global qui pourrait, dans peu d'années, améliorer substantiellement le panorama à une échelle planétaire. Le Conseil de Sûreté serait établi, comme une émanation directe de l'Assemblée Générale, avec des représentants permanents et une proportionnalité de l'influence sur l'adoption de décisions, mais sans droit de veto, pour aborder les sujets principaux :
Une sécurité humaine, avec la mission fondamentale « d’éviter la guerre », une sécurité économique et sociale, proposée il y a longtemps par Jacques Delors, avec la revitalisation de l'ECOSOC, qui pendant des années a traité presque exclusivement des sujets économiques en donnant un espace très peu abondant et réel au social et enfin une sécurité environnementale.

Seulement de cette façon il sera possible, rapidement, d'éliminer (en portant les transgresseurs devant les tribunaux) les trafics de tous ordres (des armes, de drogues, de capitaux, de personnes!), en procédant à la fermeture immédiate des paradis fiscaux, d'action qui peut être réalisée seulement par l’action d’une Organisation des Nations Unies dotées de l'autorité et des moyens appropriés. "Il n'y avait pas de moyens" pour le fond contre le Sida ni pour l'éradication de la faim et de la pauvreté, mais des centaines de milliers de millions pour "racheter" pour eux-mêmes (des personnes et des institutions), ceux qui ont conduit le monde à la très difficile situation que nous traversons. Maintenant comment "racheter" les gens, si ce n’est en commençant par l'éradication de la pauvreté au moyen d'un grand Plan de Développement Global.

L'action coordonnée des Nations Unies permettrait aussi la disponibilité des ressources en personnel, techniques et humanitaires appropriés pour assister dans les catastrophes naturelles ou produites par l'homme (à ce sujet il est proposé la création « des casques rouges ») pour se déplacer rapidement vers les lieux où leur présence sera plus que nécessaire.

Le dénommé "droit à l'ingérence", y compris quand il parle de "l’humanitaire", n’exprime pas complètement ce qu’il doit considérer comme un devoir de la Communauté Internationale : éviter le génocide, la souffrance interminable, l'humiliation, la torture.

En 1996, nous avions proposé, dans un groupe de travail de l'UNESCO qui incluait Bernard Kouchner et Karel Vasak, que les casques bleus « s’interposent » dans deux types de situations : une violation réelle et massive des droits de l'homme (cas du Cambodge et du Rwanda) et une inexistence de représentation de l'État (comme en Somalie, avec un pouvoir divisé entre « les seigneurs de la guerre »). Les Nations Unies ne peuvent pas permettre de successifs scandales de cette nature qui touchent gravement à la conscience collective.

Il est nécessaire de refonder les Nations Unies qui permettent, comme établi en 1945, de tenir compte des générations futures. Avoir présents, très présents à l’esprit – même s’ils ont été surestimés et même dénigrés- les mouvements de la jeunesse de 1968 et ceux de l’année 2008 en Grèce. Ce ne sont pas des conflits universitaires mais sociaux.

"Nous, les peuples ...", au lieu de "préparer la guerre," nous allons construire la paix quotidiennement avec notre comportement, avec la pleine implication de la société civile qui réclame, d'urgence, des garanties de règles démocratiques et efficientes à une échelle globale. Après avoir nommé madame Susan Rice comme Ambassadrice devant les Nations Unies, directement sous son autorité, le Président Obama a clairement voulu indiquer sa détermination de favoriser le multilatéralisme comme une partie éminente d’une "nouvelle aube", selon ses propres mots, du peuple nord-américain et du monde entier. Ensemble, on y arrivera!

Federico Mayor Zaragoza

Ancien Directeur Général de l’UNESCO

Janvier 2009

mardi 24 mars 2009

*COOPERATION MULTIRATERALE AU XXIème SIECLE*

***Le siècle de la MONDIALISATION est le siècle des privations grandissantes : déjà un milliard d’individus sans eau potable, presque un milliard d’illettrés, un nombre toujours grandissant de pauvres (extrême pauvreté), croisement des nouvelles épidémies (risque accrue des pandémies), épuisement prochain des sources d’énergie traditionnelle telle que pétrole, enfin des milliards d’hommes et de femmes ignorantes des dangers et des risques d’un développement qui ne respecte pas la nature et l’environnement, et donc l’HUMANITE ENTIERE - otage de soi-même et donc suicidaire.

La problématique mondiale est constituée des problèmes existants dans chaque société nationale ou locale. Elle n’est que le reflet multiplié de ces dernières. Chacun de ces problèmes porte atteinte à l’existence de l’être humain et surtout à sa sécurité. Voici pourquoi la notion de « SECURITE HUMAINE » doit constituer l’objectif ultime et la mission principale de la coopération multilatérale et de ces institutions, telle que les Nations-Unies (ONU).

La problématique de la sécurité humaine au XXIème siècle est très complexe et diversifiée. Elle ne peut pas se limiter à la politique sécuritaire traditionnelle qui se résume souvent en simple augmentation des forces militaro-policières. Aujourd’hui, elle comporte des aspects aussi divers comme la sécurité alimentaire ou la sécurité informatique. Au cœur de la sécurité humaine se trouve les problèmes environnementaux, ceux de la préservation de la flore et de la faune, ceux de la désertification et du réchauffement de la planète, ceux du manque d’eau potable et de l’utilisation des nouvelles sources d’énergie, ceux de l’exploration des océans et de l’espace.

En même temps, compte tenu que dans l’avenir, il sera de plus en plus difficile et compliquer de maintenir la paix et l’ordre publique (vu l’interdépendance des phénomènes telles que la pauvreté, le chômage, l’immigration clandestine, la criminalité –du également à l’extrême pauvreté-) il sera judicieux à l’ère de la mondialisation (qui est, malheureusement, aussi l’ère des divers GENOCIDES humains –y compris administratif-) de développer la coopération transfrontalière, voir régionale et, en tant que de besoin, une coopération également militaire.

C’est aussi de tenter de répondre à la question : POURQUOI la coopération multilatérale ?

En même temps soulignons que les défis du Monde « mondialisé » ne peuvent pas être confrontés et résolus efficacement par les moyens d’une coopération bilatérale, qui a ses limites pour des raisons historiques, géographiques et scientifiques.

La coopération multilatérale doit s’organiser sur plusieurs niveaux :
- international certainement
- mais aussi et surtout au niveau régional ou continental (les Amériques, Asie, Pacifiques, Afrique, Europe)
- et sous-régionale (pays Arabes, pays des Grands Lacs, pays de Méditerranée)
- mais d’abord aux niveaux nationaux et locaux si l’on veut tenter de résoudre les envies des populations.

Vu les coûts et la complexité des sujets à traiter il serait judicieux de laisser pour la coopération multilatérale, au niveau INTERNATIONAL, uniquement un nombre de questions restreintes, telles que la Paix, le Désarmement et l’Environnement. Un calendrier précis devra être établi avec des dates butoirs. Le nombre des sujets pour la coopération REGIONALE sera plus nombreux et tous seront liés aux problématiques du développement. La coopération au niveau NATIONALE et LOCALE (provinces, communes) devra être la plus varié et directe (commune à commune, école a école, entreprise à entreprise, famille à famille). Cette dernière forme de coopération « multilatérale » devra être confié de plus en plus à des organisations de proximité de niveau non gouvernemental. Dans tous les cas, la nécessité de rendre des comptes et d’être sanctionné devra être un préambule à toutes les formes structurées d’organisation.

LE BESOIN DES INSTITUTIONS APPROPRIES

Aujourd’hui l’ONU, l’UNESCO surtout, et les Secrétariats de ces nombreuses institutions et agences - c’est un jardin botanique ou rare sont les espèces qui répondent aux exigences de la compétence, de l’efficacité et de l’intégrité requises pour remplir leurs missions : assurer le bien de l’être humain dans un monde de paix où il fait bon vivre !

Nous avons plutôt affaire avec un vaste bouquet de fleurs, dont la seule originalité est leur appartenance à diverses nationalités, mais aussi et surtout à une famille (au sens tribal) dirigeant politique ou économique de leur pays. Ces « élites » ne sont pas présentes pour travailler pour le bien de l’humanité entière. Non, ils sont la pour « représenter », souvent sous une couverture diplomatique, les intérêts égoïstes de leurs clans politiques ou leurs familles, ou tout court, leurs propres intérêts. Ce sont les profiteurs du système et ils ont majoritaires.
J’estime qu’aujourd’hui ils représentent 85% du personnel des Nations Unies. Personne ne trouvera parmi ces gens, ceux qui sont issus d’une famille pauvre où de l’immigration. Ils ont été « éradiqués » ; l’exemple de l’Unesco des années 2000 est révélateur ! Le système de quotas géographiques est une faible garantie contre l’hégémonie des pays riches. La plupart des fonctionnaires du système « ONU » provient des pays du Nord.

Autre déficience -c’est le profil du personnel. Aujourd’hui la majorité absolue des employés sont des administratifs (souvent avec la spécialisation finance – commerce). Ces gestionnaires de BUSINESS (peu importe le domaine – agriculture ou culture) sont tous doté de diplômes MBA ou similaires, mais ils sont totalement incompétents dans les domaines qui composent aujourd’hui la problématique mondiale telle que décrite au début de cette note.
La mondialisation ne se résume pas au commerce international et à sa « bonne » gestion. Elle exige un autre corps de professionnels : scientifiques, ingénieurs, éducateurs, médecins, psychologues, artistes, gens de la communication. A ma connaissance, ces dernières catégories représentent aujourd’hui entre 15 et 25% des ressources humaines au Nations Unies, alors qu’ils devraient y être majoritaires. La domination des administratifs et des comptables au sein des institutions du système des Nations Unies mène à une totale technocratisation, voir bureaucratisation du système et de ses méthodes de travail. C’est aussi pour cette raison que De Gaulle a appelé l’ONU « ce grand machin ».
Les problèmes du monde humain exigent une approche humaniste et non pas technocratique. De plus, les technocrates de l’ONU ne sont pas capables d’apporter la réponse aux questions que se pose chaque gouvernement au moment de verser la contribution « obligatoire »: combien ça nous coûte « ce grand machin » et qu’est que il nous rapporte, au moins, en terme financier ?
C’est pour cela, entre autre que les USA, puis la Grande Bretagne, avaient quitté l’Unesco dans les années 1985 et le rapport fait, à l’époque, au gouvernement français y faisait référence ; mais aucune suite ne fût donnée.

LE PRIX A PAYER

Chaque fois, il faut se poser la question : quelle prix l’humanité va t’elle payer pour l’absence, voir la non-ingérence ou la non-intervention de la communauté internationale dans la résolution d’une crise où dans la prévention d’un conflit où d’une catastrophe. Et combien coûte à l’humanité, l’absence de cohérence entre l’action des différentes agences de Nations Unies où la compétitivité au lieu de la complémentarité?

Il serait utile de la part des Etats d’exiger des réponses aux questions telles que : Ca nous a coûté combien, l’absence de l’UNESCO dans la tragédie de Tsunami du décembre 2004 ? Et le retard de l’ONU dans les tragédies du Darfour et du Niger ? Le prix en vies perdues peut-il aussi se chiffrer en monnaie. Combien de millions de dollars USA l’humanité à perdu a cause de ces trois catastrophes ? Quelle est la part de responsabilité des Nations-Unies, de son secrétariat et des états membres présents au conseil de sécurité ?

La responsabilité personnelle et l’obligation de rendre des comptes, est encore une question difficile pour un système, où la plupart des fonctionnaires est protégée par un statut dit « diplomatique ». A quoi sert ce statut pour quelqu'un qui s’occupe de la fabrication des documents ou de la gestion administrative dans un bureau à New York, Genève, Vienne, Nairobi ou Paris, qu’il ne quitte jamais ?
Les fonctionnaires bénéficiant du statut diplomatique ne devraient représenter que 10% du personnel dans les agences, au Siège, et encore. Le reste du personnel doit être considéré comme technique et choisi selon des critères professionnels, pour des missions au plus de trois ans au siège et plus sur le terrain. Cependant, la notion de retour dans leurs pays d’origine doit être prise en compte et, ils doivent pouvoir être intégrer, sans conditions, dans les « structures » de leurs pays pour faire profiter de leurs expériences. Le statut diplomatique pourrait être attribué uniquement soit pour des missions ponctuelles qui comporte un risque pour la vie humaine (missions CAFOR), soit pour ceux qui travaillent en permanence dans les zones à risque.

En conclusion, la coopération multilatérale doit adapter son action, ses structures et ses ressources aux défis et aux exigences de XXIème siècle. La SECURITE HUMAINE doit être au cœur de son action. Mais, PAIX, ENVIRONNEMENT ET DEVELOPMENT DURABLE représentent la triade autour de laquelle doit s’organiser tout un tissu d’activités diverses impliquant tant les gouvernements que les sociétés civiles ou l’être humain.

Deux thèmes sont porteurs de l’avenir pour les sociétés de demain :
« Libertés et Démocraties » (avec un accent particulier sur la
véritable signification du libéralisme - politique, économique ou
autre) et « Echange des Connaissances » (si on veut vraiment
construire les sociétés des connaissances « Knowledge Societies »
et si nous voulons combattre l’ignorance).

Par Bruno Carnez
Président: Académie Internationale pour le Développement en Solidarité